dimanche 19 janvier 2014



Imaginez !

Imaginez les Cévennes en France.

Imaginez des centaines, des milliers de personnes franchir la frontière illégalement et s'installant tout aussi illégalement dans les villages pour y exploiter l'or, car il y a de l'or dans les Cévennes.


Imaginez ces centaines, ces milliers de personnes polluant au mercure les sources d'eau, déboisant tout ce qui peut être encore déboisé, creusant avidement les champs, les jardins, chassant les villageois, tuant les plus récalcitrants.


Imaginez la vie dans ces villages transformée par la présence des orpailleurs illégaux avec les camps, les bordels, les trafics, l'alcool, la drogue, les tirs et les rixes, terrorisant la population.

Imaginez maintenant la réaction en France, en Europe, dans le monde.

Imaginez les maires, les préfets, les présidents de région, les parlementaires, les ministres, le premier ministre, le président de la république réagir à coup d'allocutions, de communiqués, de conférences de presse, de plateaux télé, de passages à la radio.


Imaginez les moyens financiers soudain débloqués pour éradiquer le fléau, les régiments mobilisés, l'état d'urgence instauré.


Imaginez les décrets publiés et les lois votées urgemment et à l'unanimité, gauche/droite réunies dans un même élan.


Imaginez tous les médias de France ou d'ailleurs, les Unes du 20h, les sujets en boucle sur les chaînes d'info, les journalistes vedettes dépêchés sur place, les envoyés spéciaux par dizaines couvrant les évènements, les photos chocs en première de couverture.


Imaginez les associations de défense de l'environnement, les ONG, les collectifs citoyens organisant des opérations coup de poing pour faire réagir l'opinion publique, escaladant les grattes ciels ou faisant des grèves de la faim.


Imaginez les citoyens de France ou du monde entier, les pétitions, les manifestations, les dizaines de millier de tweets et publications sur Facebook, les appels à démission des ministres en fonction, les huées lors du passage du président de la république, les pancartes dressées devant l'assemblée nationale, les femens se jettant sur les défilés officiels.


Imaginez !


Imaginez ... mais rassurez-vous tout ceci n'arrivera jamais, car les Cévennes ne sont pas en Guyane !

jeudi 16 janvier 2014

Ce qui aurait dû mettre le feu aux poudres ... normalement !

La Une de France Guyane le 6 septembre 2013 était suffisamment éloquente et aurait dû déclencher une vague de réaction hexagonale et locale, entraînant de facto la mise en place de tous les moyens nécessaires pour éradiquer l'orpaillage illégal en Guyane. La fin du désastre, enfin !


Que nenni !

Il faut dire que sur le sujet de l'orpaillage illégal, maintes sonnettes d'alarme avaient été tirées depuis quelques années déjà. Tout le monde sait, en Guyane, que l'orpaillage illégal ravage le pays depuis 20 ans ... mais, on ne s'attendait pas à cela ! 

Pourtant, on nous avait promis que la gangrène serait stoppée, parole de Président  :

Janvier 2012, Talluen - Lire plus

Et la mort tragique de deux militaires en juin 2012 lors d'une mission Harpie n'a pas non plus déclenché la ire hexagonale, tout juste la zone de Dorlin a été "nettoyée".

Mais voilà, la fin de l'année 2013 nous a montré que la situation avait empiré de manière catastrophique. 

Pour l'ONF, le bilan est alarmant, depuis 2012 : 


Dans la zone du Parc Amazonien de Guyane, pas mieux :

Décembre 2013 - Lire plus 


Toujours en décembre, des alertes sont publiées dans la presse métropolitaine.

Décembre 2013 Le Monde - Lire plus


Décembre 2013 Le Nouvel Obs - Lire plus

Et enfin, en décembre, pour l'arrivée du Chef de l'Etat en Guyane, la population est dans la rue pour crier son ras le bol :


Promis on ira jusqu'au bout dans ce combat, parole de Président ...

Décembre 2013, Cayenne - Lire plus

C'est bien ça, prometteur même !
Sauf que pour Harpie, c'est cuit : pas de budget supplémentaire annoncé pour 2014. Ça commence à grincer des dents chez certains ...
On fait quoi alors ? La population civile ne va tout de même pas être obligée de se défendre toute seule ??!!!

C'est pourtant pas très compliqué et l'économie mondiale va même nous aider à résoudre notre petit problème de pillages et saccages en Guyane :

Décembre 2013 - Lire plus

Et bin voilà : l'or qui s'effondre, c'est pas une bonne nouvelle ? 
Et c'est le bon moment pour renforcer notre présence terrain. On en profite pour rajouter quelques missions Harpies sur plusieurs mois, sans discontinuer, en élargissant les zones de démantèlement au fur et à mesure. Problème de rentabilité, de ravitaillement et démantèlements massifs, ça devrait suffire à les faire rentrer chez eux les garimpeiros. Non ?

Allez, en attendant le bon vouloir de nos dirigeants, on finit en chanson ... à bon entendeur !




Municipales 2014 !


Les municipales, c'est dans 2 mois (et quelques jours) !
Rappel : premier tour le 23 mars, second tour le 30 mars.
Préparer vous ! Dans quelques semaines, vous allez entendre, grâce aux hauts parleurs bien fixés sur les véhicules de campagne, le contenu des différents programmes braillé en mode cacophonique sur les marchés et dans votre rue. Les candidats vont envahir les plateaux télé, enchaîner les interviews à la radio et les papiers vont se succéder chaque jour pour informer chaque citoyen.
2 mois, ça laisse juste le temps à nos futurs élus d'ajouter, en bonne place des appels au vote, la lutte contre l'orpaillage illégal et de bien préparer le sujet. 

En attendant de lire les programmes électoraux des uns et des autres ainsi que leur proposition pour pallier ce fléau ravageur, voici un petit voyage dans le temps : brève rétrospective !


Historique depuis 1999- Lire plus




























Pour les courageux et/ou curieux, vous pouvez jeter un oeil sur Pearltrees. La perle "Guyane orpaillage illégal" contient davantage de documents classés par année. Clic par là pour l'accès. Bonne lecture !

mardi 7 janvier 2014

Orpaillage illégal en Guyane
D'étonnement en questionnement … et de constater que la Guyane, finalement, tout le monde s'en fiche !
Alors qu'une nouvelle étude sur les taux mercuriels vient d'être menée en Guyane en 2013 auprès de populations Wayana (lien) répondant à une précédente menée dès 1994, qui à l'époque alertait sur les taux de contamination au mercure des mêmes populations, il est à nouveau pénible de constater le silence du Ministère de la Santé sur un drame sanitaire qui touche la Guyane et ses populations de l'intérieur depuis 20 ans, ayant pour cause l'orpaillage illégal.
Une alerte au chikungunya et voilà tout le monde en émoi, même en Guyane, (lien) et les mesures sont immédiatement prises pour enrayer ce futur fléau (1 cas recensé en Guyane) qui, horreur, menacerait les Etats Unis (lien). Le Ministère de la Santé, depuis 20 ans, ferait-il dans la classification des cas de santé publique, décidant de l'urgence des unes et de l'oubli des autres. Une épidémie de gastro en métropole fait l'objet de bien plus d'attention ! Sauf que là ce n'est pas une épidémie, c'est un empoisonnement ; même François Hollande lors de sa visite présidentielle à prononcer ce mot -empoisonnement- lors de son discours à Mana ! Ceci n'est-il pas un cas URGENT de santé publique.
Il faut rappeler aussi que la France a signé la Convention de Minamata en octobre 2013 (lien), convention internationale visant à supprimer définitivement la production et l'utilisation du mercure au niveau mondial. Chouette ! Mais là où ça se corse, encore une fois, c'est que les premières propositions effectuées semblent concerner prioritairement l'utilisation du mercure dentaire (lien)… nos frères amérindiens apprécieront, à nouveau, ce traitement par l'ignorance.
Tout comme nous apprécions, mais cette fois sans ironie, que l'OMS se fâche (lien) et tacle la France pour son absence de volonté à lutter efficacement contre le paludisme en Guyane. C'est vrai que lorsqu'on apprend qu'à cause de ce laxisme le palu devient de plus en plus résistant aux médicaments, il y a de quoi piquer une colère. Là aussi : chut, silence du Ministère de la Santé. Silence encore une fois curieux car ce phénomène est aussi lié à l'orpaillage illégal en Guyane et les 15 000 garimpeiros (chercheurs d'or clandestins venus généralement du Brésil) éparpillés sur le territoire.
Et on continue sur les silences, cette fois concernant le Sida (un domaine relevant aussi du Ministère de la Santé ... décidément !). La Guyane est bien identifiée comme une des régions de France les plus touchées ... mais on oublie de préciser, à nouveau, que l'orpaillage illégal est un facteur de contamination. Quand on sait ce qui se passe sur un camp d'orpailleurs illégaux, avec sa drogue et ses bordels, on devrait logiquement savoir que le Sida rôde, contamine ... et tue (lien).
Parallèlement, ces derniers jours, le Comité français de l'UICN publie un ouvrage intitulé " Biodiversité d'outre-mer " (lien), qui présente les dernières découvertes scientifiques dans le domaine de la biodiversité (terrestre et marine) dans les territoires et collectivités françaises d'outre-mer ; cet ouvrage présente aussi les actions mises en oeuvre pour la protection de cette exceptionnelle biodiversité. En conclusion, il est précisé que grâce à nous, les outre-mers, « la France porte une responsabilité de premier plan au niveau mondial pour enrayer l'extinction de la biodiversité . Elle doit accentuer ses efforts dans ces territoires si elle veut atteindre les objectifs d'Aïchi en 2020 et respecter ses engagements internationaux auprès de la Convention sur la diversité biologique. ». Du coup l'étonnement et le questionnement revient : peut-on prétendre protéger une biodiversité lorsque celle-ci est déjà saccagée par l'orpaillage illégal sur le sol guyanais ? On nous parle d'engagement à respecter dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (lien). Et là, le doute s'installe, toujours, car voici ce que l'on lit sur le PDF de présentation des stratégies et objectifs d'Aichi :



Oui, oui : « prendre des mesures efficaces et urgentes » … L'orpaillage illégal et ses dégâts font-ils partie des urgences ?  Et dans ce cas quelles mesures efficaces ont été prises à ce jour, sachant que ce désastre dure depuis 20 ans ? Le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable est-il bien au courant de notre situation : silence aussi !

Les seules actions à ce jour entreprises par la République Française pour lutter contre l'orpaillage illégal : Anaconda puis Harpie. Cependant, force est de constater que les actions des forces de l'ordre ne sont plus adaptées face à l'avidité des garimpeiros qui font preuve d'une incroyable faculté d'adaptation pour déjouer les missions des forces de l'ordre. Mais il est important de préciser que ces pilleurs d'or sont particulièrement bien organisés et disposent de filières parfaitement structurées. A peine sortis de Kourou, les militaires en action sont immédiatement repérés et l'alerte est donnée par les "sonnettes" recrutées à cet effet.
Le Général de gendarmerie en poste actuellement en Guyane a même reconnu illusoire de croire que les opérations Harpies pourraient enrayer l'orpaillage illégal (lien). Cette « fuite » dans la presse locale guyanaise est intervenue quelques jours après la présentation du bilan 2013 sur l'orpaillage illégal en Guyane effectuée par la Préfecture, le procureur, la gendarmerie, les douanes, l'ONF, la DEAL, le PAG (Parc Amazonien de Guyane). C'était le 6 décembre 2013. La publication récente sur internet du document de présentation (lien) a été largement commentée en Guyane. Il faut préciser que ce type de bilan était demandé et attendu depuis 7 ans.
Lors de la visite présidentielle le 13 et 14 décembre 2013, il a fallu faire un peu de bruit pour que l'orpaillage illégal soit abordé. En effet, ce dossier majeur pour nous, du ressort de plusieurs Ministères et affectant toute l'économie guyanaise, n'était même pas à l'ordre du jour. Mais les réponses fournies n'ont pas été à la hauteur des espérances ... "on s'en occupe" a répondu à plusieurs reprises François Hollande alors qu'il serrait quelques mains de citoyens inquiets et abordant le sujet ... "les moyens financiers ne seront pas augmentés pour Harpie" a répondu le conseiller du président qui a finalement reçu la délégation des Hurleurs de Guyane ...
Maintenant, et pour finir, on nous explique que la seule solution pour faire fuir les garimpeiros, c'est d'occuper le terrain avec des opérateurs miniers légaux et développer l'éco-tourisme … Quant aux petits cadeaux que vont nous laisser les garimpeiros derrière eux ...

les opérateurs miniers légaux et bien sûr les touristes seront ravis de participer au futur plan global d'assainissement prévu (évidemment qu'il a été prévu!) pour redonner à notre spectaculaire biodiversité, vitrine de la France au niveau mondial, la place qu'elle mérite. Quant à la taxe « pollueur/payeur » celle-ci n'a probablement pas été prévue dans l'accord transfrontalier franco-brésilien de 2008 tout juste signé par le Brésil en décembre dernier lors de la visite présidentielle de François Hollande.


Avons-nous fait le tour ? Non, certainement pas, il reste des témoignages à recueillir  car les informations glanées à ce jour, de manière officieuse, sont particulièrement alarmantes et feront dresser des cheveux sur certaines têtes. Mais il est fort à parier que d'autres billets de ce type seront prochainement publiés … jusqu'à ce qu'on cesse d'ignorer la Guyane et ses drames liés à l'orpaillage illégal.

vendredi 3 janvier 2014

La Préf de Guyane communique !

7 ans de réflexion ?!
Il a fallu attendre 7 ans (et de nombreuses demandes restées sans réponse) pour que la Préfecture de Guyane communique sur la situation de l'orpaillage illégal en Guyane. C'était le 6 décembre 2013 : la presse, les Hurleurs de Guyane, WWF, GNE, la filière minière, étaient conviés par le Préfet, Eric Spitz, pour une présentation du désastreux bilan 2013, présentation effectuée par l'ONF, le Parc Amazonien, les Douanes, la Gendarmerie, le Parquet de Cayenne, la DEAL.
Il a fallu patienter quelques semaines supplémentaires (avec une ou deux relances) pour que le document soit mis en ligne sur le site de la Préfecture et sur sa page Facebook (sans doute un cadeau pour la nouvelle année !).
Ci-dessous, la diapo consacrée à la filière kouroucienne qui mérite à elle seule qu'on s'y attarde un instant (présentée et commentée par le Procureur Ivan Auriel). Les garimpeiros font preuve d'une incroyable capacité d'adaptation nous dit-on (ce qui les rend si difficilement appréhendables) ... quant à la leur grande faculté d'organisation, elle est propre à toutes les mafias, véritables multinationales parfaitement bien structurées.
Pour accéder et télécharger le document complet, qui mérite lui aussi toute notre attention, c'est par .
A noter que Monsieur le Préfet nous a annoncé que ce type de présentation sur l'orpaillage illégal en Guyane serait effectuée tous les trimestres.

Nouvelle année, nouveau départ ?
Oui, mais toujours les mêmes constats, les mêmes inquiétudes et peu d'espoir que ceci change en 2014.
L'orpaillage illégal sévit en Guyane depuis 20 ans ... 4 Présidents de la République, 13 Gouvernements se sont succédés durant cette période et toujours pas d'éradication, malgré les appels au secours des populations autochtones, malgré les publications scientifiques, malgré les nombreux papiers dans la presse local (et parfois nationale).
Alors ...
Alors 80% de la population Wayana est au dessus des normes OMS concernant l'imprégnation mercurielle (étude Solidarité Guyane sur Cayodé).
Alors 473 sites d'orpaillage illégal actifs sont recensés par la Préfecture de Guyane fin 2013.
Alors 12 000 garimpeiros pratiqueraient, sur notre sol, l'orpaillage illégal toujours selon les estimations.
Alors seulement 350 représentants des forces de l'ordre sont présents sur le territoire pour maintenir la sécurité du territoire.
...
Alors ...
Alors la population est obligée de se rassembler pour dire stop.
Alors on va se prendre en main et on va exiger que le nécessaire soit fait, une bonne fois pour toute.
Alors on va maintenir la pression citoyenne pour qu'on nous entende.
Alors 2014 sera l'année du plus grand hurlement jamais entendu en Guyane.